Biographie
Crédit photo : Silvia Colato
Charlotte Silvera commence sa carrière dans le documentaire vidéo; avec sa caméra, elle s’immisce aussi bien dans les combats des femmes en France qu’auprès d’exilés argentins combattant la dictature de Videla, et surtout aux côtés des dissidents soviétiques.
Plus tard, Charlotte Silvera réalise son premier long métrage « Louise… l’insoumise ». Aussitôt, on surnomme Louise, la petite soeur d’Antoine Doisnel! Deux enfants, dans la France des années 60, en conflit avec leur famille et, pour Louise, avec la religion juive et ses contraintes. Aujourd’hui, plus de 60 ans après, les petites filles continuent à s’identifier à Louise.
Pour son deuxième long-métrage, Charlotte Silvera s’attaque à la détention des femmes de droit commun dans « Prisonnières », restituant l’univers étouffant de la Centrale de Rennes. Ici, elle dresse le portrait de femmes condamnées à de longues peines, incapables de toute révolte. Ce fut, aux dires de Bernadette Lafont : « le premier film choral ».
Outrée par la politique du ‘smic au rabais’ proposée aux jeunes dans les années 90, Charlotte Silvera se lance dans la réalisation de « C’est la tangente que je préfère »: dans le terreau du quart-monde du Nord de la France, a poussé une adolescente surdouée en maths et qui monnaye tous ses talents. De nos jours, on se demande encore si les sciences ont un sexe : Charlotte Silvera y répondait déjà! Tous les inspecteurs de maths de France ont salué ce film pour sa pédagogie, sa capacité à rendre ludique cette science, et pour cette jeune habitée par les nombres, la géométrie, et les probabilités.
Dans « Les filles, personne s’en méfie », Charlotte Silvera crée une dérive dans tout Paris, comme l’a décrite Etienne Roda Gil dans la chanson du film. Clin d’oeil aux situationnistes et véritable ode au cinéma, interprétée par deux fillettes à la recherche d’une équipe de tournage. Astucieuses, ces deux-là avaient bien compris que nul ne se méfierait d’elles, elles osent tout! L’aventure se fera à pied, en trottinette, en taxi… et même en péniche!! jusqu’à leur rencontre inoubliable avec Jean-Claude Brialy, projectionniste aux Studios ECLAIR, qui leur donne une leçon de cinéma à la gloire des acteurs.
En 2011, Charlotte Silvera signe un huis clos oppressant « Escalade » parfois comparé à « La corde » d’Alfred Hitchcock car en effet, ce sont des adolescents sans morale ni scrupules qui kidnappent leur proviseure. Événement rare dans un film français, ces quatre jeunes ne sont ni blacks, ni beurs.. ce sont les enfants de l’élite.. et l’étrangère c’est la proviseure!
En 2014, elle réalise un 52’ pour Paris Premère, avec le précieux soutien de la SACEM, “Roda-Gil, un homme de paroles” – afin de commémorer
les 10 ans de la disparition du poète.
EN 2018, pour aborder 40 ans de chanson française et la vie de ce Catalan qui se qualifie lui-même de “poète industriel”, elle se lance dans la production
et la réalisation d’un long-métrage documentaire et musical “On l’appelait Roda” avec la volonté de laisser une trace pérenne de l’homme et de son oeuvre.
Autour de nous, c’est toujours la même surprise : « Alexandrie, Alexandra, c’est lui ? » ou « Le lac majeur, non ? » ou encore “Joe le taxi”
« Moi qui croyais qu’il n’avait écrit que pour Julien Clerc ! ». Ainsi plus de 25 chansons enchantent “On l’appelait Roda » avec les interviews de ses célèbres interprètes.
Roda-Gil avait aussi écrit des livrets d’opéra « 36, Front Populaire », « El Che » (stoppé net par sa disparition) et « Ça ira » dont Roger Waters a composé la musique.
Roger Waters a voulu évoquer son ami qui lui manque encore aujourd’hui : c’est à lui que revient le dernier mot :
« Il y a un flambeau qui doit être porté par les générations à venir, il faut le brandir et essayer d’éclairer les endroits obscurs comme Etienne Roda-Gil
voulait que nous fassions et nous demandait de le faire de tout son souffle durant toute sa vie ».
Charlotte Silvera continue à exercer son métier fidèle à ses engagements et à sa soif de transmettre aux jeunes une vision sans peur du monde.
FILMOGRAPHIE
2018 : On l’appelait Roda
2014 : Roda-Gil, un homme de paroles (52′ Documentaire TV)
2011 : Escalade
2009 : Les Affranchis, Clip pour Alexis HK (nommé aux Victoires de la musique)
2004 : Le SIDA tu le perds de vue il te tue (Clip – Campagne contre le SIDA)
2003 : Les Filles, personne s’en méfie
1997 : C’est la tangente que je préfère
1995 : L’Embellie (téléfilm)
1994 : Zozo, le clown (Clip – Campagne 3000 scénarios contre le SIDA)
1993 : Tout va bien dans le service (téléfilm)
1989 : Prisonnières
1985 : De Louise… à elles (CM)
1985 : Louise l’insoumise
1982 : B.P. 96 (CM)
1980 : Le Petit Chaperon bouge (Vidéo-Documentaire)
1979 : Argentine 78 : Supporters, si vous saviez (Vidéo-Documentaire)